CLÉ DU DIALOGUE
AVEC NOS FRERES MUSULMANS


Préface: Frédéric ETSOU, Archevêque de Kinshasa23. L'avènement de l'Islam en Egypte
1. Introduction24. La pénétration de l'Islam au Maghrib
2. Le Moyen Orient avant Muhammad25. L'Islam au Sahara et en Afrique de l'Ouest
3. Le jeune Muhammad26. Les premiers Royaumes du Soudan
4. Les premières expériences prophétiques27. Les Murâbits
5. La défense physique et intellectuelle28. Le Mali et le Songhay
6. La hijra29. La chute du Songhay et la survivance du Bornou
7. La jihâd30. Les Etats du jihâd
8. Echec de la persuasion31. L'Islam sous la loi coloniale
9. Le triomphe32. L'Islam à l'époque d'indépendance
10. La Mecque et l'Arabie33. La liberté religieuse
11. La mort et l'histoire subséquente34. Le salut des non-Chrétiens/Musulmans
12. Indépendance et tendances modernes35. Les valeurs communes avec l'Islam
13. Le Qur'ân36. Les attractions spéciales de l'Islam
14. Hadîth37. Les attractions spéciales du Christianisme
15. La Sharî'a38. Réponses aux arguments de l'Islam
16. Les croyances de base39. Réponses aux arguments contre le Christianisme I
17. La prière40. Réponses aux arguments contre le Christianisme II
18. Le jeûne et le Zakât41. Dialogue et Mission
19. Le pèlerinage42. Des approches inacceptables de quelques Chrétiens
20. Le mariage43. Approches pratiques
21. Le développement du Sûfisme44. Expliquer les mystères chrétiens aux Musulmans
22. Le Dhikr Sûfique et la puissance spirituelle45. Espérance pour l'avenir


NOTE D'AUTEUR

Originaire de Chicago, Joseph KENNY, O.P. est licencié en Philosophie et en Théologie. Il a fait ses études d'Arabe à PISAI (Rome) et son doctorat en études arabes et islamiques à Edinburg en 1970. Le Père Dominicain Joe est professeur ordinaire dans la Faculté d'études religieuses à l'Université d'Ibadan. Il est membre de la Commission pour les relations interreligieuses de la Conférence épiscopale du Nigeria et de l'Association des Conférences épiscopales de l'Afrique de l'Ouest Anglophone. Il est Professeur visiteur au Grand Séminaire SS. Peter & Paul, au Dominican Institute (Nigeria), et aux Facultés Catholiques de Kinshasa, où il dispense les cours de Philosophie arabe et d'Islam comme religion.


Nous avons lu l'ouvrage du R.P. Joseph KENNY, O.P., intitulé CLE DU DIALOGUE AVEC NOS FRERES MUSULMANS et nous l'avons jugé digne d'être imprimé. Insistant sur le dialogue avec nos frères musulmans, l'ouvrage du R.P. Joe est un ouvrage de grande valeur permettant aux chrétiens et/ou aux musulmans de connaître l'Islam primitif et d'entretenir la fraternité religieuse sans pour autant dissimuler l'identité et la spécificité chrétienne.

NIHIL OBSTAT: Fr. Vincent AWIORE, O.P.Fr. Pierre NENGENDE, O.P.
Lecteur et Licencié en Théologie Licencié en Théologie
Prolyte en Ecriture Sainte
IMPRIMI POTEST: Fr. Thomas KAMAINDA, O.P.
Prieur Provincial
IMPRIMATUR: Cardinal Frédéric ETSOU
Archevêque de Kinshasa



PREFACE

Ce livre du Père Joseph KENNY, O.P. arrive au moment où "l'Eglise en Afrique a célébré dans la joie et l'espérance, pendant quatre semaines, sa foi dans le Christ ressuscité, au cours d'une Assemblée spéciale du Synode des Evêques. Le souvenir en demeure encore vif dans la mémoire de toute communauté ecclésiale." (1)

En effet, les Pères synodaux ont saisi avec joie l'occasion qui leur était offerte pour s'appesantir entre autres thèmes sur "le dialogue" (2) en tant qu'élément fondamental de la vie de l'homme. Dieu a voulu le dialogue avec sa créature préférée qui est l'homme et il a envoyé son Fils unique, Jésus-Christ, pour nouer le dialogue avec lui. Le dialogue signifie non seulement la discussion mais aussi toute relation interreligieuse positive et constructive avec des individus et communautés de foi différente en vue de l'entente et de l'enrichissement mutuel. C'est une façon d'agir, une attitude et un esprit qui oriente la conduite de l'homme à sortir de sa situation spirituelle ou religieuse antérieure pour essayer de comprendre l'autre.

"Cet effort de dialogue se doit d'embrasser également les musulmans de bonne volonté. Les chrétiens ne sauraient oublier que beaucoup de musulmans entendent imiter la foi d'Abraham et vivre les exigences du Décalogue. A ce propos, le Message du Synode souligne que le Dieu vivant, Créateur du ciel et de la terre et Maître de l'histoire, est le Père de la grande famille humaine que nous formons. En tant que tel, Dieu veut que nous témoignions de lui dans le respect des valeurs et des traditions religieuses propres à chacun, travaillant ensemble pour la promotion humaine et le développement à tous les niveaux. Loin de vouloir être celui au nom duquel on tuerait d'autres hommes, il engage les croyants à se mettre ensemble au service de la vie, dans la justice et la paix. On veillera donc particulièrement à ce que le dialogue islamo-chrétien respecte de part et d'autre l'exercice de la liberté religieuse avec tout ce qu'elle comporte, notamment les manifestations extérieures et publiques de la foi" (3)

. Dans ce processus, "chaque conversion est l'œuvre de la grâce, par laquelle une personne doit retrouver sa personnalité pleinement" (4). C'est l'Esprit Saint et non pas l'homme qui "pousse chacun à annoncer l'Evangile et qui dans les tréfonds des consciences fait accepter et comprendre la Parole du salut" (5). Selon le mot juste de S. Paul, l'Apôtre des gentils, l'homme travaille ensemble à l'œuvre de Dieu et il est le champ que Dieu cultive, la maison qu'il construit (1 Co 3,9).

L'épreuve du temps n'a pas émoussé la pertinence des mots dits à Muhammad à propos des frères et soeurs d'autres confessions religieuses : "Avertis, car tu n'es qu'un avertisseur. Tu n'as aucune autorité de les contraindre"(Q.88 :21-22). Muhammad s'est lui-même plié devant cette exigence de Dieu qui appelle selon son bon vouloir et il a pu écrire ce verset qûr'ânique fondamental : "Il n'y a aucune contrainte dans la religion"(Q.2 :256 ; Cfr 2 :62 ; 5 :82). En fondant l'Islam, Muhammad n'a donc pas eu l'idée de couper le dialogue avec les frères et soeurs d'autres confessions religieuses. L'effort des chrétiens en cette matière est d'entrer dans le plan de

Dieu qui veut sauver tous les hommes par son Fils unique (1 Tm 2,4). Dans l'Eglise Famille de Dieu, Dieu n'écarte personne du salut qu'il propose et réalise en Jésus-Christ récapitulateur de toutes choses (Eph 1,10). L'Eglise Catholique se sent principalement conviée au dialogue à cause de sa foi au Christ ressuscité "notre unique maître qui doit nous enseigner, notre unique Seigneur de qui nous devons dépendre, notre unique chef auquel nous devons être unis, notre unique modèle auquel nous devons nous conformer, notre unique medecin qui doit nous guérir, notre unique pasteur qui doit nous nourrir, notre unique voie qui doit nous conduire, notre unique vérité que nous devons croire, notre unique vie qui doit nous vivifier et notre unique tout en toutes choses qui doit nous suffire. Il n'a point été donné d'autre nom sous le ciel, que le nom de Jésus, par lequel nous devions être sauvés. Dieu ne nous a point mis d'autre fondement de notre salut, de notre perfection et de notre gloire, que Jésus-Christ : tout édifice qui n'est pas posé sur cette pierre ferme est fondé sur le sable mouvant, et tombera infailliblement tôt ou tard" (6).

Cela dit, j'estime que le Père Joseph KENNY, O.P. a perçu la profondeur du malaise ressenti par bien des africains en face de la présentation courante de l'Islam sous sa forme intégriste, forme qui manque souvent de fondement doctrinal. A cette question actuelle et à toutes celles qui lui sont analogues ou connexes, il lui a semblé qu'il n'y a qu'une seule réponse : entreprendre une approche directe des sources, longuement étudiées et analysées dans le texte original. Le Père Joe ne s'est pas dérobé devant cette œuvre difficile. Au contraire, sa demarche s'avère aujourd'hui plus que jamais propice à l'épanouissement d'une culture du dialogue et de la paix en Afrique. Et il n'y a pas de doute. Pour atteindre nos frères musulmans, il nous faut être informés de l'Islam, de son histoire et de ses enseignements, comment il se vit, ce que nous trouvons acceptable et inacceptable en lui. Nous avons besoin de quelques directives d'approches. Pourtant le résultat (la conversion) dépend du plan caché de Dieu et de l'action de son Esprit.

Mon souhait le plus ardent est que beaucoup de chrétiens et musulmans d'Afrique et/ou d'ailleurs trouvent dans cet ouvrage dont l'utilité doctrinale et pastorale est évidente la clé du dialogue, qu'ils cherchent peut-être plus ou moins consciemment, pour une vie spirituelle renouvelée et pleinement épanouie dans une vraie communion fraternelle pour la gloire de Dieu.

J'exprime ma profonde gratitude à l'Ordre des Frères Prêcheurs en République Démocratique du Congo pour cette initiative de dialogue interreligieux, et tout particulièrement au Père ADOBA André, O.P. qui a saisi ce travail et qui, au nom de la Fraternité Saint Thomas d'Aquin, est venu solliciter cette préface. Je le remercie de cette confiance.

Kinshasa, le 1er novembre 1997

Cardinal Frédéric ETSOU
Archevêque de Kinshasa



1. JEAN PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa (14 septembre 1995),1.

2. Ibidem, 65-67.

3. Ibidem.

4. Encyclique Redemptor Hominis (4 mars 1979), 2.

5. PAUL VI, Exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi (8 décembre 1976), 75.

6. François - Marie LETHEL, Théologie de l'amour de Jésus. Venasque, Editions du Carmel, 1996, p.108-109.