CHAPITRE 26
LES PREMIERS ROYAUMES DU SOUDAN

Le plus vieux centre de la production de l'or en Afrique de l'Ouest était Bambuk. Le peuple de cette région gardait son secret à tel point que l'extérieur devrait s'incliner devant ses conditions de vente. Takrûr, Ghana et Gao étaient les trois états qui étaient en concurrence pour acheter l'or diminuant du Bambuk pour le revendre aux Arabes.

Wârjâbî (m. 1040) fut le premier roi de Takrûr, aujourd'hui partie du Sénégal. Il convertit le royaume de Silâ situé à l'Est et de concert avec lui, il combattit les païens des alentours.

L'ancien Ghana (aujourd'hui partie du Mali) était aussi un puissant état. D'après al-Bakrî et l'évidence archéologique, l'état de Ghana était composé de deux villes sur une plaine. La plus grande d'elles, avec 12 mosquées, était habitée par des Musulmans. Celle du roi était à six miles de distance. Près de sa cour de justice était construite la seule mosquée de sa ville. C'est là que ses visiteurs musulmans rendaient leur culte. On trouvait aux alentours de la ville du roi des bâtiments en voûtes, des jardins d'arbres et des sanctuaires avec idoles et tombes de leurs rois. Interprètes, trésoriers et la plupart des ministres du roi étaient des Musulmans.

Quand le peuple de sa religion s'approchaient du roi, ils se prosternaient sur leurs genoux en se répandant de la poussière sur la tête, selon leur coutume de salutation. Mais les Musulmans le saluaient en frappant les mains.

Au Sud se trouvait la terre de Malal (le coeur du futur empire de Mandingue). Cette partie sudiste se convertit aussi à l'Islam. Ecoutons comment elle fut convertie. A un certain moment le peuple souffrait d'une sécheresse. Des efforts de remède par des sacrifices traditionnels furent fournis mais en vain. Il arriva que le roi reçut un visiteur musulman qui fit que le roi priât toute la nuit à la manière musulmane, et la pluie tombait le lendemain matin. Voici que le roi convertit ses fonctionnaires, mais le peuple restait polythéiste.

"La ville de Kawkaw (Gao), dit al-Bakrî , avait deux parties: une pour le roi et l'autre pour les Musulmans. Notons que le peuple de cette ville était idolâtre. Selon leurs coutumes, quand le roi mangeait, le peuple jouait des tambours et les femmes soudanaises, avec leurs cheveux en longues tresses dansaient jusqu'à la fin du repas. Personne ne quittait la ville avant qu'il ne finît de manger, et le reste de son repas était jeté dans le fleuve Niger. Le peuple criait en voyant ceci. Ceci annonçait la fin du repas".

"Si quelqu'un est sacré roi, il recevait un sceau, une épée et un Qur'ân, envoyés, selon les citoyens, par le Commandant des Fidèles [en Egypte], qui l'instituaient chef de tous les fidèles qui venaient à lui. Leur roi était musulman, et personne sauf un Musulman pouvait les commander. Le peuple de Kawkaw faisait le commerce du sel. Ceci leur procurait de l'argent. Ce sel provenait d'une mine souterraine d'une localité berbère appelée Tûtak".

"Les habitants de Zawîla exportaient des esclaves noirs des pays des Noirs. Et il semble que les rois des Noirs vendaient des noirs sous prétexte comme la guerre. Les esclaves passaient de Zawîla à Ifrîqiya et ses environs".

"Les Zaghâwa se sont implantés à Kanem où il bâtissaient leurs maisons en roseau. Les Zaghâwa n'avaient pas de villes et toutes leurs maisons y compris le palais royal où ils se réunissaient pour le culte des rois au lieu d'Allah étaient des huttes. Ils imaginaient que le roi ne mangeait rien. Les personnes chargées de lui procurer à manger, le lui apportaient dans le secret. S'il arrivait qu'un de ses sujets rencontre les chameaux portant ses provisions, celui-ci perdait directement sa vie. L'autorité du roi sur ses sujets et esclaves était illimitée. Leur culte était adressé à leurs rois, parce que, croyaient-ils, la vie et la mort, la maladie et la santé étaient entre leurs mains. En fait le peuple de Kanem était polythéiste et noir".

QUESTIONS:

  1. Expliquez comment le commerce de l'or a influencé la religion de Takrûr.
  2. Comparez la tolérance religieuse au Takrûr et au Ghana.
  3. Comment le commerce des esclaves était-il devenu tellement important au Kanem et en Afrique centrale?
Au chapître 27