CHAPITRE 3
LE JEUNE MUHAMMAD

Pour les musulmans Muhammad était le prophète de Dieu, le dernier et le plus grand prophète qui a apporté la perfection à la religion universelle qui durera jusqu'à la fin des temps. Dans la croyance musulmane, Muhammad était un vaurien, étant donné que l'on dit que l'Islam est fondé par Dieu et Muhammad n'était qu'un porte-parole mortel. D'autre part, Muhammad était quelqu'un de plus grand, car personne ne pouvait jouer un plus grand rôle dans l'histoire que de livrer au monde l'orientation définitive de Dieu, le Qur'ân. C'est ainsi que les musulmans croient qu'aucun spécimen de l'humanité n'a jamais été aussi parfait et bon que Muhammad. Par conséquent, il est pris comme modèle pour toute l'humanité, et tous ses propos et actions sont considérés comme sunna, c'est-à-dire modèles que tous se doivent de suivre.

Un chrétien ne croit pas à tout cela, mais il doit éduquer son propre jugement de Muhammad au départ de sa foi et de l'histoire objective.

La vie de Muhammad n'est pas facile à comprendre. Le Qur'ân fait beaucoup de références aux incidents de sa vie, mais ces références sont vagues et impossibles à coordonner dans une biographie, à moins que nous connaissions d'abord l'évolution de sa vie à partir d'autres sources. La plus vieille information écrite sur sa vie remonte à 125 ans après sa mort. Il s'agit de la Sîra ou la biographie dressée par Ibn-Ishâq qui est mort en 768. Mais l'original de cette biographie est perdu et nous n'en savons que par une édition augmentée d'Ibn-Hishâm, décédé en 833, deux siècles après la mort de Muhammad.

Combien authentiques et exacts sont les récits relatés par ces auteurs? Tous dépendent des traditions orales transmises par les compagnons de Muhammad aux générations suivantes. N'importe quel récit oral se change en la relation et devient moins crédible avec la distance de l'événement relaté. L'intervalle du temps de 125 ans avant la première de ces biographies est une raison qui nous rend prudent contre la croyance de tout ce qu'elles relatent. En dépit de ces limites, le profil principal de la vie de Muhammad semble raisonnablement crédible.

Muhammad est né en "l'Année de l'Eléphant", lorsque le gouverneur éthiopien de Yemen a utilisé un éléphant dans la vaine tentative de s'emparer de la Mecque (cfr. Q. 105). C'était aux environs des années 570. Une légende essaie de montrer que Muhammad est la lumière que Dieu a créée au commencement du monde, placée en Adam et transmise au père de Muhammad Abdallâh:

Abdallâh vint à la maison d'une femme qu'il avait eu en plus d'Amina. Il était tâché d'argile auquel il était en train de travailler. Il lui demanda d'avoir des relations sexuelles, mais la femme le renvoya parce qu'il était sale. Il la quitta alors et alla se baigner, se débarrassant de l'argile qu'il avait sur lui. Il sortit alors voir Amina. Quand il passait l'autre femme l'invita. Il refusa, car il préférait Amina. Il alla donc chez Amina, eut des relations sexuelles avec elle et celle-ci conçut Muhammad. Quand il rentra à l'autre femme encore pour demander si elle le désirait cette fois, elle dit, "Non, quand tu es passé ici, il y avait une tâche blanche brillant entre tes yeux et je t'ai demandé, mais tu m'as refusée et tu es allé plutôt chez Amina qui te l'a enlevée".

Le père de Muhammad mourut avant qu'Amina ne mît au monde, et Amina elle-même mourut lorsque Muhammad avait 6 ans. Son oncle, Abû-Tâlib, le prit en charge et l'amena avec lui dans des voyages de commerce en Syrie. C'est lors d'un des voyages pareils que la rencontre légendaire avec le moine Bahîrâ eut lieu. La caravane campa à Basra sur le territoire syrien, où se trouvait un moine appelé Bahîrâ. Il vivait en ermitage et avait une bonne connaissance du Christianisme. Depuis bien longtemps donc il y avait un moine dans cet ermitage qui étudiait à partir d'un livre, ainsi dit-on, que chaque vieux moine léguait à son jeune substitut.

Bien longtemps avant que la caravane ne passât à l'ermitage de Bahîrâ, il ne leur parla jamais et il ne sortit non plus. Pourtant quand ils campèrent près de lui cette année il prépara beaucoup de nourriture pour eux. Ceci était dû à quelque chose qu'il était censé avoir vu de son ermitage; car, comme dit le récit, il reconnut le Messager de Dieu quand la caravane s'approchait et un nuage ne couvrait que lui. Ils arrivèrent et stationnèrent à l'ombre d'un arbre proche, et il vit le nuage obscurcir l'arbre dont les branches se penchaient sur le Messager de Dieu afin de lui donner de l'ombre. Quand Bahîrâ le remarqua, il sortit de son ermitage et envoya un messager devant eux pour leur dire:"J'ai préparé de la nourriture pour vous, hommes de Quraysh, et je voudrais que vous, jeunes et vieux, esclaves et hommes libres, veniez".

L'un des hommes répondit: "Par Dieu, Bahîrâ, vous avez quelque chose dans la tête. Tu n'as jamais rendu ce service avant, les nombreux temps que nous te passions ici. Pourquoi vous nous invitez aujourd'hui?" Bahîrâ dit: "Vous avez raison dans ce que vous avez dit, mais vous êtes mes hôtes et je suis heureux de vous honorer et de préparer de la nourriture pour vous. Venez donc tous manger". Ils se réunirent ainsi à l'ermitage, mais le messager de Dieu restait derrière avec la caravane sous l'arbre parce qu'il était jeune. Quand Bahîrâ regarda les hommes et ne vit pas la marque apprise du livre, il dit: "Hommes de Quraysh, que personne de vous ne reste loin de mon repas". Ils répondirent, "Bahîrâ, personne n'est resté qui devrait venir, sauf un garçon, le plus jeune de nous tous. Il reste veiller sur la caravane". Bahîrâ dit: "Ne faites pas ainsi. Demandez lui de venir manger avec vous".

Bahîrâ alla, l'embrassa et le fit asseoir avec les autres hommes. Lorsqu'il le vit, il commença à l'examiner soigneusement et remarqua des traits dans son corps qui correspondaient à la description faite dans son livre. Bahîrâ commença à lui demander sa condition de sommeil, son apparence extérieure et ses affaires, et le Messager de Dieu lui raconta tout. Cela correspondait à la description que Bahîrâ se faisait de lui; ainsi il regarda son dos et vit une marque de prophétie entre les épaules juste à l'endroit qu'indiquait son livre.

Une autre légende raconte comment Dieu avait protégé Muhammad de l'action peccamineuse, comme il le dit lui-même:

Je n'ai jamais considéré ce que les peuples de l'époque païenne avaient l'habitude de faire qu'à deux reprises uniquement, parce que Dieu m'empêchait de suivre mes désirs. Après je n'ai jamais pensé au mal depuis que Dieu m'a honoré de cet apostolat. Je disais une fois à un jeune garçon de Quraysh qui faisait paître les animaux aux collines de la Mecque avec moi: "Je te prie de prendre soin de mes animaux pendant que je vais passer la nuit à la Mecque comme le font tous les jeunes". Il consentit et je partis avec cette intention, et quand j'arrivais à la première maison de la Mecque, j'entendis le son des tambours et les flûtes et je demandais ce que c'était. On me dit qu'un mariage venait d'avoir lieu. Je m'asseyais pour regarder les gens quand Dieu frappa mon oreille et m'endormit pour me réveiller avec le soleil. Je vins à mon ami qui me demanda ce que je fis. Je répondis que je ne fis rien et lui racontai toute l'histoire. Je lui demandais une autre nuit de veiller sur mes animaux et exactement la même chose arriva. Après je n'avais jamais pensé au mal jusqu'au moment où Dieu m'honora de son apostolat.

Comme jeune homme, Muhammad avait l'heureuse chance d'être employé comme agent commercial de Khadîja, une femme riche de la Mecque qui était deux fois veuve. Dans ce métier il eut à voyager au moins plus d'une fois en Syrie.

Les voyages de Muhammad ont élargi son expérience et sans doute l'ont mis en position de penser à beaucoup de choses. Mais son avenir personnel était aussi une préoccupation. Quand Khadîja lui proposa le mariage, deux problèmes se sont résolus: Il devait avoir de la famille, et avec l'aide de son argent il pouvait avoir son occupation

A cette époque Muhammad avait 25 ans et Khadîja était vieille de 10ans (On dit qu'elle avait 40 ans, mais ceci paraît invraisemblable s'il a donné six enfants à Muhammad). Elle était attirée par Muhammad parce qu'il lui servait en honnête et performant agent. "Quand il retourna à la Mecque et amena à Khadîja sa propriété, elle la vendit environ le double de son investissement". Elle aurait aussi dû être impressionnée par ses qualités spirituelles.

Le couple eut deux fils: al-Qâsim et Abdallâh (connu aussi sous le nom de at-Tâhir et de at-Tayyib, quoique certaines personnes considèrent ces noms comme désignant des personnes distinctes) et quatre filles: Zaynab, Ruqayya, Umm-Kulthûm et Fâtima. Les fils sont morts jeunes alors que les filles ont vécu jusqu'à l'âge adulte. Pourtant de toutes ces filles seule Fâtima donna des grands enfants et une lignée durable de descendants à Muhammad.

QUESTIONS:

  1. Quelles approches, différentes ou similaires, les Musulmans et les Chrétiens ont-ils dans l'étude de la vie de Muhammad?
  2. Combien crédibles sont les sources disponibles sur la vie de Mu-hammad?
  3. Comment et pourquoi les biographies de Muhammad essaient de le faire plus qu'une personne humaine ordinaire?
  4. Décrivez l'itinéraire du premier mariage de Muhammad.
Au chapître 4