CHAPITRE 18
LE JEUNE ET LE ZAKÂT

Le jeûne est obligatoire pendant le mois du Ramadân (le neuvième mois arabe). Quand la nouvelle lune de ce mois apparaît, le jeûne commence le jour suivant. Le soir de l'apparition de la prochaine nouvelle lune signifie que le jeûne est terminé, et le jour prochain c'est la fête de la fin du jeûne (`îd al-fitr). La perception réelle de la lune, pas du calendrier, fait le jour du début et de la fin du jeûne. On ne s'accorde pas souvent sur la perception de la lune, mais de toute façon personne ne peut jeûner pendant plus de 30 jours.

Le jeûne commence à l'aube, c'est-à-dire à la première lueur de la lumière solaire, quand c'est le temps de la prière de suhb, et il finit avec le coucher du soleil, à l'heure de la prière de Maghrib. Il est recommandé au fidèle de prendre une petite quantité de nourriture à manger et de boisson à boire immédiatement après le coucher du soleil avant de faire la prière de Maghrib, et d'avoir un repas complet après la prière. Il est aussi recommandé d'avoir un autre repas avant l'aube, ou quelque fois tard dans la nuit.

Le jeûne signifie s'interdire de prendre le repas ou la boisson (les auteurs modernes généralisent ceci en incluant la cigarette, les injections etc.) et aussi les relations sexuelles. Les femmes en menstruation ou celles qui saignent après l'accouchement ne sont pas autorisées à jeûner. Les femmes enceintes, ceux qui sont engagés dans la jihâd (les auteurs modernes étendent ceci à tout travail nécessaire), les enfants avant l'âge de la puberté et les fous sont exemptés. Les voyageurs sont excusés mais doivent entreprendre le jeûne après le Ramadân. Les vieilles mères et celles qui allaitent sont excusées, mais elles doivent plutôt donner une aumône.

Pendant le Ramadân il y a une prière de veille appelée tarâwîh. Elle consiste à un nombre imprécis de rak`as, d'habitude dix à vingt. Spécialement aux dix derniers jours de Ramadân les Musulmans sont encouragés de faire une retraite (i`tikâf), en priant jour et nuit dans la mosquée. Car on croit que l'une des dix dernières nuits du Ramadân (personne ne sait laquelle) est la laylat al-qadr, la nuit du décret divin (cfr. Q 97), où le Qur'ân est censé avoir été révélé aux anges (Il doit avoir été parvenu à Muhammad la veille du 15 Sha`bân, le huitième mois arabe); en ce moment on croit que Dieu montre une faveur particulière aux pieux.

Socialement, le Ramadân c'est le temps de changer la nuit en jour et vice-versa. Le travail est souvent ralenti pendant les jours, et si les gens ne passent pas la nuit à la prière, ils la passent dans les festivités. Les Musulmans, qu'ils soient pieux et convaincus ou pas, prennent part au jeûne de Ramadân et aux observances d'autant chaleureusement que les Chrétiens de nom fêtent la Noël.

A part le jeûne du Ramadân, les Musulmans jeûnent souvent volontairement, par exemple pendant le mois de Rajab (7e) et de Sha`bân (8e), pendant six jours, ou Shawwâl (10e), le 8e et le 9e de Dhûlijja (12e) pour ceux qui ne vont pas en pèlerinage, ou le 8e pour les pèlerins, le 10e jour de Muharram (1e), qui était le jeûne de `Ashûrâ, et les trois jours de chaque mois.

Le but du jeûne, comme d'autres obligations de l'Islam, est avant tout d'obéir au commandement de Dieu et de gagner la récompense céleste. Beaucoup d'auteurs insistent sur les avantages de la discipline de soi et d'être conscients des besoins des pauvres.

A la fin du Ramadân, comme indiquée à le leçon 17, un zakât volontaire est offert avant le rassemblement au lieu de la prière. Outre les aumônes, le zakât annuel est obligatoire pour tous les Musulmans qui possèdent un montant minimum imposable des produits de l'agriculture, des troupeaux ou de l'argent. Dans un état islamique, zakât est la seule taxe qui puisse à juste titre être exigée des Musulmans. C'est l'état qui en fait la collecte et la répartit à huit catégories de récipients (Q 9:60): 1) les pauvres, considérés comme musulmans possédant moins que le montant imposable, 2) les indigents, interprétés comme étant des Musulmans qui n'ont pas assez pour se nourrir pour un jour, 3) ceux qui font la collecte, l'enregistrement et la distribution de zakât, 4) "ceux dont les coeurs doivent être gagnés", interprétés comme étant des non-Musulmans qui peuvent être portés à adhérer à l'Islam de suite de cette gentillesse, ou de nouveaux convertis qui ne sont pas encore installés dans la communauté musulmane, 5) la libération d'un esclave, interprété comme étant l'achat de la liberté d'un Musulman tenu comme esclave ou otage, 6) les débiteurs, interprétés comme étant des Musulmans qui doivent des dettes légitimes qu'ils ne peuvent pas payer, 7) "vers la cause de Dieu" (fî sabîl Allah), interprété comme étant les dépenses de jihâd et les traitements des enseignants, imams et juges qui ne reçoivent aucun salaire du trésor public, 8) les voyageurs, enfin, interprétés comme des personnes à bout de ressources et qui n'ont pas de moyen de retourner chez eux.

Les agriculteurs qui produisent environ 150 kilogrammes de grains sont recommandés de payer des taxes; il en est de même pour tout autre denrée, à l'exception des fruits et légumes périssables. Pour les troupeaux, le montant minimum imposable est 25 chameaux, 40 brebis ou chèvres, ou 30 bovins. Quant à l'argent, revenu ou en réserve, certaines personnes disent que cela s'élève à 90 grammes d'or (à peu près 1000 $ US), mais l'argent sorti comme emprunt n'est pas imposable. Le zakât pour tous ses avoirs, pour lesquels il y a des règles détaillées, s'élève à 2,5 %.

A part le zakât, l'état musulman a d'autres sources de revenu, à avoir: 1) le cinquième du butin pris lors du jiâd (ghanîma), 2) toute terre ou propriété abandonnée (fa') confisquée pendant le jihâd, 3) le cinquième du butin saisi lors des raids sur les non-Musulmans en dehors de la jihâd (mukhtas), 4) le tribut payé par l'ennemi sous la trêve, 5) la jizya, taxe perçue sur les Chrétiens et les Juifs sujets, équivalant à quatre pièces d'or chaque année, 6) 10% du profit du commerce des Juifs ou Chrétiens allant d'une province musulmane à une autre, 7) kharâj, qui signifie la taxe perçue sur la terre dans les territoires conquis par les Musulmans; cette terre est considérée comme appartenant à l'état et uniquement tenue à bail par des individus, un système s'appliquant dans certaines parties du Nigeria, 8) la quête à la fin de la prière jumu`a de vendredi, ce qui est une innovation moderne.

Dans le Qur'ân le mot sadaqa signifie la même chose que zakât, mais plus tard il traduit l'aumône volontaire, donnée directement au bénéficiaire sans être rassemblé par le gouvernement. Là où il n'y a pas de gouvernement islamique, le zakât est donné directement, juste comme la sadaqa. Tout comme chacun est tenu d'aider les pauvres, les riches sont encouragés de construire des mosquées, des écoles coraniques etc. De même les gouvernements musulmans riches octroient des dons pour la propagation de l'Islam dans d'autre pays.

QUESTIONS:

  1. Esquissez les règles qui régissent au jeûne du Ramadân.
  2. Décrivez les aspects sociaux et spirituels du jeûne musulman.
  3. Citez les bénéficiaires du zakât.
  4. Discutez des méthodes utilisées par les Musulmans pour ramasser des fonds dans votre région, et comment ces fonds sont répartis.
Au chapître 19