CHAPITRE 44:
EXPLIQUER LES MYSTERES CHRETIENS AUX MUSULMANS

L'Incarnation: Comme nous l'avons vu au chapitre 38, l'une des objections principales que l'Islam adresse au Christianisme est la croyance à la divinité de Jésus. Nous devons nous sentir capables d'expliquer la distinction entre ses natures et l'unité de sa personne, mais il est plus important de commencer toute explication par donner des principes plus larges. D'abord, le pouvoir de Dieu apporte l'activité et la vie pour toutes ses créatures sans supprimer ou ignorer leurs natures propres. Deuxièmement, Dieu ajoute à notre nature une puissance surnaturelle nous permettant de croire en lui et de l'aimer comme un ami, et par là partager sa vie (voir chapitre 36).Troisièmement, le don de la prophétie ou la réalisation de toute chose merveilleuse fonctionne dans et à travers notre pouvoir de penser, d'imaginer et de projeter, de telle sorte que nous sommes en unité avec Dieu. Seulement lorsqu'un Musulman croit possible et raisonnable que Dieu épouse sa puissance à celle des créateurs il sera en mesure d'admettre la possibilité d'une nature humaine qui soit vraiment une personne ayant la Parole divine, comme nous le croyons dans le cas de Jésus.

Les points énumérés ci-haut doivent rassurer le Musulman ouvert que l'Incarnation est une possibilité rationnelle et pas quelque chose qui serait impossible. Mais ceci ne le convaincrait pas du fait de l'Incarnation. Il ne peut en arriver là que par une rencontre personnelle avec l'amour et le pouvoir de Jésus dans sa vie personnelle. Il existe des voies par lesquelles Dieu donne cela soit par une réponse à la prière, soit en rêve, ou en interaction avec un ami. Un Chrétien ne peut que prier et agir comme une sage-femme dans l'action interne de la grâce divine.

La Trinité: Comme on l'a vu à la leçon 39, l'unité de Dieu devra s'affirmer dans toute chose sauf dans les différences relationnelles du Locuteur Parole, et Souffleur (Père & Fils) Souffle. Une discussion sur la Trinité serait insensée à moins que l'Incarnation ne soit d'abord comprise.

L'Eglise: L'Eglise est très facilement source de malentendus pour les Musulmans qui pensent qu'elle ressemble à la umma islamique. Comme l'Islam, l'Eglise est une communauté qui prétend être le "peuple de Dieu". A part cela, l'Islam est une communauté politique ayant ses propres structures qui sont incompatibles avec les autres structures et les remplacent dès qu'un état islamique s'est constitué. L'Eglise, d'autre part, est le corps du Christ vivant, ayant le pouvoir d'enseigner et de sanctifier en son nom et vit à l'intérieur des structures politico-sociales existantes.

L'Eglise doit être présentée comme une société de ceux qui croient en Dieu, acceptent Jésus comme prophète et sauveur, qui sont mystiquement unis à lui et dotés des grâces de son Esprit, et qui sont guidés par les successeurs des apôtres de Jésus. Les Musulmans qui connaissent la transmission du Hadîth et de la baraka sûfique comprendront vite la "succession apostolique".

Les sacrements & le culte: Le culte de l'Eglise semblera bien étrange à un Musulman parce qu'il n'existe aucune règle établie précisant les temps et les façons détaillées où ce culte doit s'effectuer. Le problème est que la plupart des catholiques ne sont pas familiers avec les cinq prières journalières officielles de la Liturgie des heures de l'Eglise, qui seraient faciles pour un Musulman d'apprécier si cette liturgie était célébrée en choeur. Ils ne connaissent que la messe et diverses dévotions au choix. En fait les Chrétiens laïcs semblent être embarrassés ou perdus quand les Musulmans commencent leurs prières aux heures fixes et qu'eux n'ont rien de comparable.

Les Chrétiens doivent montrer que, quel que soit le format, ils ont du moins des prières du matin et du soir; il serait mieux que ces prières soient attachées à quelque cérémonie avec action et chant (surtout les Psaumes). En plus de cela, ils doivent montrer qu'ils prient "toujours" (Eph 6:18), "régulièrement" (Rm 12:12), "constamment" (1 Thes 5:17), "avec persévérance" (Col 4:2). Anne servait Dieu "nuit et jour" avec prière et jeûne (Lc 2:37; cfr 1 Tim 5:5), comme c'était l'idéal de l'Ancien Testament (Ps 1:2); "à toi je crie toute la journée" (Ps 86:3). Les disciples priaient sans cesse en attendant la Pentecôte (Ac 1:14).

En plus, les Chrétiens ont l'Eucharistie, qui non seulement nous rappelle la mort de Jésus, mais aussi rend présent le Christ qui a souffert et est ressuscité, "le même hier, aujourd'hui et demain" (Heb 13:8). Il est le grand prêtre qui a offert son sang de vie sur la croix et par sa résurrection il est entré dans le sanctuaire céleste où il continue son action sacerdotale en se présentant au Père et intercédant pour nous (He 7:24-25).

L'acte interne du sacrifice de Jésus, initié depuis sa conception, anticipé au dernier repas, réalisé sur la croix et continuant pour toujours puisque son sacerdoce est éternel, se rend présent sous les signes manifestes du pain et du vin, et ceci lorsqu'un membre de l'Eglise à qui a été conféré par ordination une participation spéciale dans son sacerdoce, agit en son nom. Dans cette action l'assemblée entière exerce son partage général dans le sacerdoce de Jésus accordé dans le baptême (1 P 2:9; cfr. Ex 19:6), et tous offrent au Père l'acte de sacrifice éternel de Jésus rendu présent devant nous. De cette façon le sacrifice de Jésus devient le sacrifice de l'Eglise. L'Eglise offre au Père Jésus lui-même et la valeur infinie de son offrande. Au même temps les participants de ce sacrifice deviennent des bénéficiaires de son sacrifice, selon l'ancienne prière: "Chaque fois que la commémoration de ce sacrifice est célébrée, l'oeuvre de notre rédemption est réalisée".

La commémoration eucharistique n'est pas une simple représentation du sacrifice de Jésus. Elle enveloppe aussi les vies entières des participants. La noble description par Pierre du sacerdoce de tous les baptisés qui font "des sacrifices" et "chantent des louanges à Dieu" (1 P 2:4-10) est concrétisée par Paul qui décrit l'aide que les Philippiens lui ont donnée comme "un parfum de bonne odeur, un sacrifice agréé qui plaît à Dieu" (Phil 4:18). Tous ces actes sont des sacrifices au sens large et doivent inclure tout ce que le Chrétien fait. Dans la commémoration eucharistique ces sacrifices sont unis au sacrifice de Jésus et offert "par lui, avec lui et en lui" au Père. La commémoration eucharistique est ainsi une communion cosmique, unissant les participants les uns aux autres dans une célébration particulière et en communion avec ceux qui, depuis le commencement de temps ont été rachetés par le Christ. C'est un exercice de la "communion des saints" et un avant-goût du banquet céleste (Mt 8:11; 22:1-14; Lc 12:37; Ap 19:7).

QUESTIONS

  1. Discuter de la manière dont on peut présenter la personne de Jésus à un Musulman.
  2. Discuter de la différence entre l'Eglise et l'Islam.
  3. Quelles sont les actions et les explications qui seraient nécessaires pour convaincre les Musulmans que les Chrétiens prient d'une manière digne d'émulation.
  4. A part la bonne prédication et la musique agréable, quoi d'autre pourrait amener un Musulman d'apprécier la messe?
Au chapître 45