CHAPITRE 20
LE MARIAGE

Le contrat du mariage en Islam comporte trois éléments indispensables, à savoir: 1) un tuteur, 2) la dot revenant à la fiancée et non à son tuteur, 3) deux témoins de bonnes moeurs.

Le contrat est conclu entre le marié et le tuteur de la fiancée, et non pas directement avec la fiancée elle-même. Le tuteur matrimonial ordinaire c'est le père de la fille. Il a droit d'obliger une fille non-mariée ou celle qui a divorcé avant l'année complète du mariage à épouser un homme qu'il choisit mais il peut consulter la fille s'il le désire. Le père peut la donner en mariage même avant la puberté (comme `A'isha). Si la fille a contracté un premier mariage pendant toute une année, le père ne dispose d'aucun droit de la contraindre. En outre, si cette femme a un fils, celui-ci a la préséance sur son père comme tuteur matrimonial pour tout autre mariage que sa mère contracterait dans l'avenir.

Le père peut désigner un tuteur testamentaire pour le remplacer après la mort. En l'absence d'un tuteur testamentaire, le frère de la fille devient tuteur et après lui tout celui qui est plus proche de la parenté de son père. Si la fille n'a aucune parenté, toute personne judicieuse de sa tribu peut faire le tuteur. En dernière analyse, le sultan ou le chef peut servir de tuteur.

Aucun tuteur, à l'exception du père, ne peut obliger la fille à un mariage, ni la donner en mariage avant la puberté. Un tuteur testamentaire peut toute fois donner en mariage un garçon mineur qui se trouve à sa charge. Le droit paternel d'obliger demeure une règle de la Sharî`a, quoique la plupart des Musulmans modernes ne l'acceptent pas.

Il existe des empêchements au mariage dans l'Islam dont les premiers sont les temps interdits. Celui qui se trouve dans un état de consécration pour le pèlerinage, celui qui est malade, et toute femme se trouvant dans la période de `idda après un mariage antérieur ne peuvent pas contracter un mariage. Le `idda est la période d'attente de trois périodes menstruelles (ou trois mois) pour une divorcée, et quatre mois et dix jours pour une veuve. Si la femme est enceinte, sa `idda dure jusqu'à l'accouchement de son bébé. La raison d'être de la `idda est de se débarrasser de tout doute quant au vrai père de l'enfant qu'elle porte.

Une autre obstruction est la relation de sang. Le mariage est interdit avec 1) sa mère, 2) ses filles, 3) ses soeurs, 4) ses tantes paternelles, 5) ses tantes maternelles, 6) les filles de son frère, et 7) les filles de ses soeurs (Q 4:23).

Un autre empêchement c'est la relation par l'allaitement ou le mariage. Sont interdites: "1) vos mères par l'allaitement 2) vos soeurs pour avoir eu la même allaitante (interprétée comme toute fille de cette femme et toute autre enfant allaitée par elle pendant une période de deux ans depuis l'allaitement du garçon, même si on ne lui a offert qu'une seule tétée), 3) vos belles-mères, 4) vos demi-filles vivant dans une même maison que vous-même dont vous avez eu des rapports sexuels avec les mères; mais si vous n'avez pas eu de rapports sexuels avec les mères, les filles ne vous sont pas interdites. Sont interdites aussi: 5) vos belles filles, c'est-à-dire les femmes des vos fils propres (et non adoptifs), et 6) la soeur de votre femme, à moins que vous ne l'avez épousée avant de devenir musulman, et enfin 7) les anciennes femmes de vos pères, à moins que vous ne les ayez épousées avant de devenir musulmans" (Q 4:23, 22). En plus un Hadîth raconte que Muhammad avait interdit le mariage avec les femmes de toute relation de sang à une allaitante qui serait interdite si elle était la mère réelle de la personne. Il défendit aussi le mariage avec une femme et sa tante paternelle ou maternelle. Il faut observer que le mariage entre premiers cousins n'est pas interdit.

Un dernier empêchement c'est la disparité de religion. Un Musulman ne peut pas avoir des relations sexuelles avec des femmes incrédules, à part les Juives et les Chrétiennes. Il peut avoir des rapports sexuels avec ces dernières par le droit de les posséder comme esclaves ou en les épousant lorsqu'elles deviennent affranchies. Une Musulmane ne peut épouser qu'un Musulman. Si les deux parties au mariage sont Musulmanes et si l'un d'eux abdique à l'Islam, le mariage doit être dissout. De même, si l'une des parties non-musulmanes au mariage devient musulmane, le mariage doit se dissoudre, à moins que la femme ne soit juive ou chrétienne.

Un homme peut avoir quatre femmes, qu'elles soient musulmanes, juives ou chrétiennes. Il n'est pas limité quant au nombre des femmes esclaves qu'il peut posséder avec lesquelles il peut avoir des rapports sexuels. Les esclaves sont des non-Musulmanes détenues pendant le jihâd. Néanmoins il est une tradition au Nigeria de donner les filles comme concubines aux chefs musulmans.

Un homme doit pratiquer l'égalité entre ses femmes. S'il ne peut respecter ce principe, il doit se tenir à une seule femme (Q 4:3). Donner un traitement égal à toutes les femmes c'est coucher avec elles à tour de rôle. Cependant quelqu'un qui épouse une femme n'ayant antérieurement contractée aucun mariage peut passer sept nuits avec elle à l'exclusion des autres femmes. Si elle était mariée avant, il peut passer trois nuits consécutives avec elle.

Une femme est tenue d'allaiter son fils, à moins que des femmes de sa position sociale ne le fassent pas. Elle doit faire les travaux de ménage, mais le mari doit lui fournir une servante s'il en a la possibilité.

Un homme doit à sa femme soutien et logement, que cette femme soit riche ou pauvre. Il doit soutenir aussi ses propres parents s'ils sont pauvres et ses enfants mineurs s'ils n'ont pas de richesse. Son obligation envers les enfants reste jusqu'à ce qu'ils soient parvenus à la puberté, s'ils n'ont pas une inaptitude qui perdure, et ses filles jusqu'à ce qu'elles soient épousées. Il ne doit aucun soutien à sa parenté sauf ces personnes citées. Ainsi il n'y a aucune obligation envers la famille étendue et, comme conséquence, les inaptes sont entretenus par le zakât ou, en pratique, s'en vont mendier.

En Islam le divorce est autorisé, pourtant un Hadîth dit: "De toutes choses permises la plus détestable devant Dieu c'est la répudiation". La répudiation d'une femme par son mari est la forme la plus commune de divorce. Ses exigences sont: 1) que la femme ne doit pas être dans sa période de menstruation, 2) qu'elle ne doit pas avoir eu des rapports sexuels depuis sa dernière menstruation, 3) que la formule "Tu es répudiée" doit être prononcée, puis reprise après une `idda (3 mois), puis reprise la troisième et dernière fois après la seconde `idda. Une triple déclaration de la répudiation faite en une fois est illégale, mais encore valide. Pendant sa `idda la femme répudiée a droit au soutien et au logement. Quand elle quitte définitivement, l'ex-mari doit lui donner une récompense de séparation et, au cas où elle allaite un enfant, elle peut exiger un paiement pour cela. Avant que le divorce ne soit finalisé, l'homme peut obliger sa femme de retourner à la vie conjugale, mais s'il l'avait répudiée définitivement il ne peut plus l'épouser à nouveau sauf si elle épouse subséquemment et divorce d'avec un autre homme (Q 2:230).

Si une femme commet l'adultère, l'homme peut s'en débarrasser tout de suite pourvu que 1) lui et quatre témoins la surprennent en flagrant délit ou 2) il jure n'être responsable de sa grossesse. Dans ce cas, il la maudit quatre fois et puis il se maudit s'il n'a pas dit la vérité. Si la femme ne donne pas un contre-témoignage elle est lapidée. Le Qur'ân 24:2 prévoit cependant cent fouets. Mais si elle témoigne du contraire, aucune action ne peut être engagée contre elle ou son mari, et les deux sont automatiquement divorcés pour toujours (cfr. Q 4:2-9).

Une femme peut initier le divorce en retournant une partie ou toute la dot à son mari. Celui-ci est libre de prendre ou de refuser. Alternativement, elle peut obtenir le divorce au tribunal, surtout sur base de la défaillance de l'homme à pouvoir la soutenir et pour sa cruauté. Cependant, le processus de rechercher la réconciliation décrit dans Qur'ân 4:24-25 doit d'abord être suivi.

Les droits inférieurs de la femme par rapport au divorce sont en parallèle avec les règles d'habillement et de renfermement pour les femmes de Muhammad. De même, dans l'héritage et dans le témoignage du tribunal, deux femmes correspondent à un seul homme.

QUESTIONS:

  1. Décrivez le rôle du tuteur de mariage.
  2. Citez les empêchements au mariage en Islam.
  3. Décrivez les droits et obligations du mari et de la femme dans le mariage musulman.
  4. Esquissez les différentes étapes de divorce en Islam.
Au chapître 21