CHAPITRE 10
LA MECQUE & L'ARABIE

Le traité de Hudaybiyya n'a pas duré à cause des hostilités entre les alliés de la Mecque et les alliés des Musulmans, en octobre 629, dans lesquelles les Mecquois intervinrent pour aider leurs alliés, donnant ainsi une occasion aux Musulmans d'annuler le traité. Ensuite Abû-Sufyân alla à Médine demander de renouveler le traité, mais Mu-hammad et les chefs musulmans refusèrent et aussitôt ils commencèrent à marcher sur la Mecque. Abû-Sufyân venait de nouveau pour rencontrer Muhammad qui lui dit: "Malheur à toi, Abû-Sufyân! N'est-ce pas le temps de reconnaître que je suis le Messager de Dieu?" Il répondit: "Personne n'est plus généreux ni plus gentil ni plus amical que toi. Au nom de Dieu, j'ai toujours certains doutes." Al-`Abbâs dit: "Malheur à toi! Avant que ta tête ne disparaisse, viens te faire musulman et témoigne qu'il n'y a pas d'autre Dieu que Allâh, et que Muhammad est son Messager". Ainsi il prononça le témoignage de vérité et se fit musulman. Puis on lui dit: "Quiconque entrera à la cour de Abû-Sufyân sera protégé. Et celui qui ferme à clé ses portes ainsi que celui qui entre dans la mosquée sera sauvé".

Avant d'entrer à la Mecque, Muhammad ordonna à ses hommes de ne pas combattre sauf s'ils sont opposés, à part ceux au sujet desquels il a ordonné qu'ils soient tués, même s'ils se trouvent derrière le rideau de la Ka`ba. Un d'eux fut `Abdallâh ibn-abî-Sarh qui était musulman et écrivait la révélation pour le Messager de Dieu. Quand il entendit ces mots: "Nous avons créé l'homme de l'argile... et puis nous avons fait de lui une création nouvelle" (Q 23:12), `Abdallâh alors cria: "Béni soit Dieu, le meilleur Créateur". Muhammad lui dit: "Ecrivez cela, parce que c'est une révélation". `Abdallâh, doutant, dit: "Si Muhammad dit la vérité, alors j'ai aussi reçu la révélation comme lui, mais s'il ment, alors j'ai parlé comme il a parlé". Par conséquent, il apostasia et retourna à la Mecque. `Abdallâh put sauver sa vie grâce à l'intercession de `Uthmân.

Un autre condamné fut `Abdallâh ibn-Khaal, qui avait été musulman mais il avait apostasié. Il avait deux filles providentielles qui l'accompagnaient et l'amusaient avec des chansons qui se moquaient de Muhammad. Lui et plusieurs autres furent tués, tous accusés d'apostasie ou de moquerie de Muhammad.

Quand le calme gagna la Mecque, Muhammad entra dans la Ka`ba et ordonna de détruire toutes les idoles qui s'y trouvaient et de les brûler, et puis d'effacer toutes les images sauf deux, celles de Jésus et de Marie. La prise était complète le 11 janvier 630.

Après la Mecque, il restait à Muhammad de conquérir quelques tribus nomades. Après la guerre contre la Mecque, les tribus Hawâzin et Thaqîf, croyant que les Musulmans sont fatigués, rassemblèrent une armée de presque 20.000 hommes pour l'attaque. Ils amenèrent leurs boeufs, leurs femmes et enfants, pour se battre jusqu'à la mort en vue de leur défense. Mais Muhammad, bien que beaucoup de ses hommes s'en fussent fui, marchait contre eux et les conquit. Puis il attaqua at-Tâ'if, mais il ne put pas le prendre.

Une délégation des Hawâzin vint chez Muhammad qui détenait en captivité 6.000 femmes et des enfants, y compris un grand nombre de chameaux et de moutons. Puisque les Hawâzin acceptaient de se faire musulmans, Muhammad leur restitua sa part du butin, et il persuada les autres Musulmans de faire autant. Mais il ne put laisser passer l'opportunité de donner à `Uthmân et `Umar une fille esclave chacun, et 100 chameaux à 15 chefs "dont les coeurs doivent être gagnés" (Q 9:60), et 50 chameaux pour d'autres hommes.

Ayant terminé de restituer les captifs à leur peuple, Muhammad s'en alla, mais ses hommes le suivaient et demandaient: "Donne-nous notre part des chameaux et des moutons!" Ils le forcèrent contre un arbre et lui enlevèrent son manteau. Muhammad dû les réprimander pour leur faire honte de ce qu'ils faisaient. Un homme qui était mécontent de ce qu'il avait reçu écrivit de la poésie contre Muhammad et dû être pacifié avec un nombre plus grand de chameaux. Muhammad fit alors un long discours, en félicitant ses hommes pour leur Islam et les incitant à la honte parce qu'ils devaient utiliser des dons pour gagner d'autres à l'Islam.

En février 630 Muhammad fit son deuxième pèlerinage de `umra, et après 9 mois envoya les gens pour ravager Tabûk, sur la frontière de la Syrie byzantine, mais il n'y eut pas un grand succès. En route vers Tabûk, à une ville à peu près une heure de marche de Médine, quelques Musulmans vinrent chez Muhammad lui disant: "Messager de Dieu, nous avons construit une mosquée pour les malades et pauvres et comme centre de refuge pendant l'hiver et la saison de pluie. Venez y faire le allât pour nous". Il dit qu'il le ferait dès son retour. Quand il revint, Muhammad ordonna à ses hommes de "brûler et détruire la mosquée de ces gens injustes". Ils firent ainsi, mettant la mosquée à feu quand les gens étaient dedans et la détruisant, faisant les gens prendre fuite (cfr. Q 9:107). Probablement cette mosquée fut un lieu de rassemblement des hypocrites. Ce qui est clair c'est que Muhammad ne tolérait pas un Islam indépendant qui ne tenait pas compte de son autorité.

Se rendant compte qu'ils ne pouvaient pas marcher contre Muhammad, les arabes Thaqîf d'a-Tâ'if furent obligés de se soumettre et de devenir musulmans. En mars 631, Abû-Bakr dirigea le pèlerinage de hajj, et les polythéistes étaient, de là, interdit dorénavant de faire le pèlerinage (Q 9:1 ff.; 2:543-4).

En ce temps-là, des représentants arabes venaient de toutes parts, sachant qu'ils ne pouvaient plus le combattre, et "entraient dans la religion de Dieu en masse" (Q 110:2). Muhammad écrit aux rois de Himyar, les félicita d'avoir accepté l'Islam et leur commanda de payer l'impôt de sadaqa. Il ajouta: Un Juif ou un Chrétien devenant musulman appartient aux croyants avec les mêmes droits et obligations. Mais si un Juif ou un Chrétien garde sa religion, on n'a pas le droit de l'en détourner, mais il sera obligé de payer la jizya, un dinar complet ou son équivalant en pagnes, qu'il soit mâle ou femelle, esclave ou libre.. Celui qui paie est assuré de la protection de Dieu et de son Messager. Celui qui refuse se fait ennemi de Dieu et de son Messager.

C'était vraisemblablement le moment même où une délégation de 60 Chrétiens vint de Najrân à Yemen, y compris `Abdalmasî, leur chef d'état, avec son administrateur, al-Ayham, et leur évêque Abû-âritha ibn-`Alqama. Ils entrèrent dans la mosquée de Muhammad au moment où il faisait la prière de 'asr. Le temps de leur propre prière vint et Muhammad leur permit de la faire dans sa propre mosquée. Il les invita à se faire musulmans, mais en vain. Puis il les défia de le joindre en invoquant Dieu de châtier la partie qui était en erreur (Q 3:61). Mais les Chrétiens refusèrent cette procédure disant: "Nous avons décidé de ne pas vous maudire, mais de vous laisser avec votre religion, comme nous gardons la nôtre". Ces Chrétiens restèrent en Najrân jusqu'à ce qu'ils fussent expulsés de l'Arabie pendant le règne de `Umar ibn-al-Khattâb.

Deux autres arabes se proclamèrent prophètes: Musaylima ibn-abîb à al-Yamâma dans la tribus de Hanîfas et al-Aswad ibn-Ka`b en an`â'. Musaylima écrivit la lettre suivante à Muhammad: De la part de Musaylima, Messager de Dieu, à Muhammad, Messager de Dieu. Paix soit avec vous. On m'a fait votre partenaire. Moitié de la terre nous appartient, et l'autre moitié aux Quraysh, mais les Quraysh sont des gens hostiles.

Après l'avoir lue, Muhammad demanda aux envoyés: "Qu'en pensez-vous?" Ils répondirent: "Nous y sommes d'accord". Muhammad reprit: "Par Dieu, si vous n'étiez pas envoyés pour ne pas être tues, je vous ôterai la tête!" Puis il écrit à Musaylima: Au nom de Dieu le miséricordieux et compatissant. De Muhammad, le Messager de Dieu à Musaylima le trompeur. Paix à celui qui suit la direction de Dieu. Dieu choisit ses propres serviteurs pour héritiers de la terre et à la fin les pieux auront le succès.

Vers cette même époque, une crise se développa parmi les femmes de Muhammad qui se disputaient sur des questions diverses. Mu-hammad s'abstînt d'elles pendant un mois. Après il exigea soit qu'elles s'entendissent et se reformassent soit qu'elles s'en allassent (cfr. Q 33:28-34,51; 66:1-5). 'Umar et Abû-Bakr intervinrent pour réconcilier leurs filles avec Muhammad. A la fin du mois toutes les femmes, en commençant par `Â'isha, acceptèrent les termes de l'ultimatum et reprirent leur vie normale avec Muhammad. Ces femmes furent alors honorées avec le titre de "mères des croyants" (Q 33:6). Quelque temps après Muhammad fut interdit d'épouser d'autres femmes, et ses veuves furent interdites aussi de se remarier après sa mort (Q 33:52-53).

QUESTIONS:

  1. Evaluez la politique de Muhammad lorsqu'il prit la Mecque et épargna la plupart de sa population mais condamna certains.
  2. Evaluez les motifs des arabes nomades qui acceptèrent l'Islam.
  3. Décrivez la relation entre Muhammad et les Chrétiens de Najrân.
  4. Décrivez l'autorité prophétique et politique de Muhammad au sommet de sa carrière.
Au chapître 11