CHAPITRE 40:
REPONSES AUX ARGUMENTS CONTRE LE CHRISTIANISME II

4) "Il est injuste de punir l'humanité à cause du péché d'Adam ou pour un homme d'expier les péchés de l'humanité; comme le dit le Qur'ân, 'personne ne porte le fardeau d'un autre'" (35:18). D'ailleurs, Jésus n'a pas sauvé le monde, car le mal continue". — Cette objection suppose la substitution de l'innocent pour le mauvais, ce qui serait une violation de la justice. Comme l'adversaire de Saint Augustin, Pélagius, qui disait que "le péché d'Adam ne nous affecte pas et la souffrance de Jésus ne nous a jamais aidé", cette objection manque de prendre en considération la solidarité des hommes. Adam avait reçu des privilèges spéciaux de la grâce et de l'immortalité qu'il avait perdus par son péché et dont ses descendants avaient été privés de l'héritage. Ses descendants n'étaient pas punis en réalité parce qu'ils n'avaient pas eu droit à ces privilèges. C'est quelque chose que Dieu a choisi de restaurer à sa manière et en son temps par le nouvel Adam, Jésus. En prenant la nature humaine il devint frère de toute personne (cfr. Hb 2) et avec son sang il est entré dans le sanctuaire céleste, après avoir gagné la Rédemption éternelle (cfr. Hb 9). L'efficacité de cette Rédemption dépend de notre capacité de l'accepter librement et d'être fidèle jusqu'à la fin (cfr. Hb 10:19-39). Le mal moral existera jusqu'à la fin de temps parce que Dieu n'impose pas de force sa grâce sur qui que ce soit.

5) "Jésus ne fut prophète que pour les Juifs et non pour le monde entier". Les Musulmans citent Mt 15:24 (cfr Q 10:5-6) pour soutenir cette position et la contrastent avec l'universalité de la mission de Muhammad; voir Q 12:104, 38:87,68:52, 81:37 (le Qur'ân un "rappel pour l'humanité"), 21:107 (Muhammad une "miséricorde pour l'humanité"), 25:1 ("un avertisseur de l'humanité"), 34:28 ("un prêcheur et un avertisseur de tous les hommes"). — Pour répondre à cette objection, nous devons d'abord faire appel au Qur'ân 21:91: "Nous avons soufflé dans Marie de notre esprit et nous avons fait d'elle et de son fils un signe pour l'humanité". Ensuite, nous devons comprendre que la mission de Jésus s'est réalisée selon les étapes. Il commença par prêcher à son peuple; puis il envoya ses disciples prêcher en son nom à toute l'humanité (Mt 28:19; Lc 24:37 etc.). Pourtant il demeure "le Sauveur du monde" (Jn 4:42) et "la lumière du monde" (Jn 8:12).

6) "Le Christianisme est trop spirituel, un guide inadéquat pour la société". — Nous avons vu au chapitre trente-septième l'objection sur "tendez l'autre joue". La même leçon touche à l'objection selon laquelle le Christianisme, avec sa distinction de l'Eglise et de l'Etat, n'a pas de direction pour la vie politique et économique. L'Eglise reconnaît l'autonomie de ces domaines en même temps, que les principes évangéliques de l'amour et de la justice, quoique généraux, ils influencent tout et chaque détail de la vie. En outre, au cours des cent ans passés, depuis Léon XIII jusqu'à Jean Paul II, l'Eglise a publié plusieurs documents sur la justice sociale posant les problèmes majeurs de notre temps. On recommande aux Chrétiens de prendre entièrement part dans la détermination de la direction de la vie politique et économique; seuls les clercs ne sont pas autorisés de s'immiscer dans la politique afin de respecter le droit du peuple à la diversité légitime d'opinions dans le choix des dirigeants et dans les décisions pratiques.

7) "Le Christianisme encourage la renonciation à la famille et à la richesse, ce qui n'est pas naturel; en même temps il permet l'alcool et l'intérêt sur emprunt". — Jésus n'a pas prêché "l'Evangile de la prospérité". De même, bien que le Qur'ân promet un paradis de plaisirs sensuels , il prévient aussi: "La vie mondaine est comme la pluie du ciel; les herbes y sont trempées, mais après elles sèchent et se trouvent balayées par le vent... La richesse et les enfants sont les scintilles de cette vie, mais les bonnes actions sont la garantie d'une meilleure récompense de la part de votre Seigneur et un meilleur espoir" (Q 18:44-5). A Cana Jésus a béni le mariage et le vin (Jn 2:1-12). Il admettait qu'un riche pouvait être sauvé mais prévenait aussi du danger de la richesse (Mt 19:23-26 etc.) et invitait certains de ses disciples à tout laisser et à le suivre (Mt 19:11-12,27; 10:37 etc.). Le renoncement chrétien n'a jamais signifié que les biens matériels soient mauvais; cela ne se comprend que comme sacrifice pour un bien meilleur, le Royaume de Dieu qui implique une plus grande liberté pour la prière et le service des autres. Quant à l'intérêt sur emprunt, nous devons envisager son acceptation dans la parabole des talents (Mt 25:14-30 etc.) mais cela a été rejeté par Thomas d'Aquin comme étant de "l'usure". La morale catholique contemporaine accepte l'intérêt modéré selon le principe que l'emprunt soit destiné à la production et que celui qui emprunte a le droit au gain du profit.

8) "Le Christianisme est divisé et restera tel jusqu'à la fin des temps" (Q 5:14). — Jésus prêchait "un troupeau et un pasteur" (Jn 10:16) et "que tous soient un comme le Père est en moi et moi en lui, pour que le monde puisse croire...". "Par votre amour les uns pour les autres tout le monde saura que vous êtes mes disciples" (Jn 13:35). Néanmoins, très peu de Chrétiens sont inquiétés par la multiplication des sectes chrétiennes; certains voient même dans cette multiplication une bénédiction. C'est parce qu'ils ne méditent pas sérieusement sur l'Evangile ou parce qu'ils considèrent que l'Eglise n'est rien et tout ce qui compte c'est la foi en Jésus ou parce qu'ils sont des leaders incompétents mondains et peu informés. Quelquefois les Chrétiens se réunissent seulement à cause de la menace proférée par l'Islam; pourtant c'est l'Islam qui attire l'attention aux Chrétiens que leur désunion est un véritable scandale. Les Chrétiens ont besoin de reconnaître que si la Parole s'est faite chair, l'unité visible du corps du Christ, qui est l'Eglise, est importante et elle vaut la peine d'être obtenue.

QUESTIONS:

  1. Discutez de la façon dont Jésus peut enlever les péchés du monde.
  2. Comparez l'universalité de la mission de Jésus avec celle de Muhammad.
  3. Discutez de la façon dont la relation de l'Eglise avec la société diffère de celle de l'Islam.
  4. Comparez les attitudes des Musulmans et des Chrétiens face aux biens de ce monde.
Au chapître 41